27 décembre 2022, Great Sale Cay, Bahamas
Allô! Aura, Sofia, Louis et Zoé. Bonjour la famille et les amis.
Vraiment, les Bahamas ne sont pas comme je les avais imaginés. Il fait un peu frais et c’est pluvieux. Nous partirons demain matin de Great Sale Cay alors que les conditions météorologiques devraient être plus favorables pour la navigation. J’en profite donc pour poursuivre la description de notre descente vers West Palm Beach, FL.
Le 16 décembre, St. Augustine : Les travaux du changements du gréement dormant étant terminés et de retour de quelques courses en vélo, nous avons appareillé de la Marina Conch House vers 14h. Malheureusement, nous sommes arrivés 5 minutes en retard pour l’ouverture du pont Lions qui ouvre seulement aux heures et aux demi-heures. Nous avons donc tourné en rond en face du pont jusqu’à la prochaine ouverture. Une fois le pont passé, nous avons navigué environ 8 miles puis nous avons jeté l’ancre dans la rivière Mantazas juste à côté de l’ICW. Les conditions ne permettant pas encore une fois de faire la navigation par la mer. Nous étions seuls à l’ancrage qui est très tranquille.
Samedi matin, nous avons levé l’ancre au lever du soleil pour poursuivre la navigation. Il ne faisait pas très chaud. Nous avions enfilé les cirés et mis une tuque. Au moins, durant la journée, le soleil nous a réchauffés et au fur et à mesure, nous avons pu nous dévêtir un peu.
Au niveau de la bouée 81A, nous avions lu qu’un ensablement s’était formé et qu’il fallait passer à au moins 150 pieds de celle-ci. Marc qui était à la roue a toutefois compris le contraire et nous nous sommes enlisés. Heureusement, il avait ralenti alors nous avons pu nous dégager après quelques minutes en reculant puis en avançant vers la rive. Mais nous nous sommes encore une fois enlisé un peu plus loin pour nous dégager quelques minutes plus tard. Nous étions à la marée presque basse. Il n’y avait pas trop de souci puisque nous aurions pu aussi attendre la marée montante pour nous dégager si nos manoeuvres n’avaient pas réussies. Alors que nous terminions de passer la zone délicate, nous avons vu un voilier derrière nous qui s’est échoué au même endroit. Nous l’avons appelé sur la radio afin de lui expliquer comment nous nous étions dégagés. Il a réussi lui aussi à se dégager. Voilà une des raisons pour laquelle nous préférons passer par la mer. Il y a beaucoup plus d’eau et moins de chance d’échouer.
Nous n’avancions pas très rapidement et nous nous sommes fait dépasser par plusieurs bateaux. Aussi, nous ressentions des vibrations inhabituelles. Après une rapide investigation pour identifier la nature du problème, nous en avons conclu que c’est l’hélice qui était à l’origine des vibrations et non pas le moteur. Nous nous sommes ancrés à Daytona à la fin de la journée. J’ai pu contacter un plongeur qui a accepté de venir inspecter l’hélice le lendemain soit dimanche matin.
Dimanche, je suis allée chercher le plongeur sur la rive vers 9h. Il n’a rien vu d’anormal sur l’hélice à part quelques mollusques qui s’y étaient attachés. Il les a enlevé à l’aide d’un grattoir. Nous avons pu repartir vers 10h. Nous avions retrouvé une vitesse de croisière plus rapide que la veille et les vibrations avaient disparues. Grace à un vent favorable, nous avons pu naviguer voile- moteur ce qui permet d’augmenter la vitesse d’au moins un noeud. Nous nous sommes ancrés à Titusville qui se trouve en face de Cap Canaveral. Il n’y avait pas de lancement de fusée de prévu. De toute façon, il y avait bien trop de vent pour le permettre. Quelques voiliers que nous suivons sur les réseaux sociaux ont pu en voir décoller lors de leur passage dans le coin.
Lundi matin, départ encore tôt pour poursuivre la navigation qui s’est passée sans histoire et pour une bonne distance à la voile et au moteur. Nous nous sommes ancrés près de Barker Island où nous avons vu de jolies résidences. On en voit de plus en plus le long de l’ICW.
Mardi matin, encore un départ au levé du jour pour poursuivre la navigation vers le Sud. Cette fois nous avons mis l’ancre en milieu d’après-midi à Jupiter Island. Nous n’avions pas vraiment le temps de nous rendre au prochain ancrage avant la tombée du jour, surtout qu’il y a 6 ponts à faire ouvrir. C’est une des contraintes de la voile, on ne peut pas s’ancrer n’importe où . A Jupiter Island, nous avons vu de grosses résidences mais pas autant que si nous étions passés par la mer.
Mercredi matin, encore un départ très tôt pour poursuivre la navigation vers Riviera Beach qui se trouve juste au nord de West Palm Beach. Les deux premiers ponts s’ouvrent à notre approche. C’est vraiment pratique, on n’a qu’à les appeler et aussitôt qu’ils nous voient arriver, il commence le processus d’ouverture des tabliers. Les ponts suivants ouvrent seulement deux fois par heure. Nous étions juste pour arriver au troisième pont mais le préposé a retardé un peu l’ouverture ce qui nous a permis de le passer sans attente. Le quatrième pont est trop loin pour pouvoir le rejoindre en 30 minutes. Nous avons donc dû patienter la prochaine ouverture. Nous avons pu nous rendre en temps pour l’ouverture du cinquième pont mais le sixième et dernier pont a eu des problèmes électriques. Nous avons donc dû attendre au moins 30 minutes pour que le service de la maintenance face les réparations. Une chance que se fut si rapide. Le canal est assez large à cet endroit pour que l’on puisse faire des ronds en attendant son ouverture. Nous étions quelques bateaux en attente.
Une fois le pont passé, nous nous sommes rendus au ponton à essence d’une marina à proximité pour faire le plein de diesel et d’eau et pour vider les réservoirs d’eaux noires. Nous nous sommes finalement ancrés près du parc Phil Foster sur l’ile Singer dans le lac Worth vers midi. Ouf, nous étions très fatigués mais nous n’avons pas pu nous reposer longtemps. En révisant les prévisions météorologiques, il était clair que nous avions une fenêtre qui s’ouvrait pour traverser vers les Bahamas le lendemain. Afin d’arriver de jour, à la marina Old Bahama Bay de West End sur l’ile Grand Bahama, nous avons décidé de partir en plein nuit pour effectuer les 60 miles de navigation.
Aussitôt après avoir terminé le lunch, nous sommes allés à terre. Marc s’est rendu à l’émigration américaine à trottinette pour officialiser notre départ des États-Unis. Pour ma part, je me suis rendue à l’épicerie à proximité du pont pour faire les dernières emplettes de produits frais. André, Paul-Éric, Charles-André, Anouk et Ella sont venus de Delray Beach nous dire au revoir et surtout nous apporter un colis que nous avions fait livrer chez André et Charlotte. J’aurais aimé avoir du temps pour aller faire un tour à Delray Beach et voir Charlotte et Maryse mais la fenêtre météo se présentant, il fallait la prendre. Notre six mois aux États-Unis se terminant dans 10 jours, il nous fallait sortir du pays aussitôt que possible. Nous avons terminé la préparation du bateau pour la traversée et l’enregistrement par le Web aux douanes des Bahamas vers 23h. Nous avons dormi 3 heures pour nous lever à 2h.
Nous avons levé l’ancre en pleine nuit dans le lac Worth. Nous n’étions pas très loin de la sortie vers la mer et la ville procure assez d’éclairage pour que l’on puisse voir les contours de la rive. Aussi, le chenal est bien indiqué par les bouées lumineuses, il a donc été assez facile d’y naviguer de nuit. Au fur et a mesure que nous nous approchions de la mer, on pouvait sentir les vagues grossir. Arrivés en mer, nous avons pris un cap de 120 degrés qui est au moins 25 degrés plus au sud que la route en ligne droite pour West End, Grand Bahama Island. Pour nous rentre aux Bahamas, nous devons traverser le Gulf Stream qui est un fort courant d’eau chaude qui monte vers le Nord. En moyenne, on estime le courant à 2,5 noeuds. Au centre du Golf Stream le courant est beaucoup plus fort. A cause de celui-ci, nous serons poussés vers le Nord. C’est pour cette raison que nous prenons un cap plus au Sud afin de compenser la dérive courant. En fait, notre trajectoire a la forme d’un « S » allongé; au début nous allons vers le sud, puis le courant du Golf Stream nous fait dériver vers le nord pour finalement en ressortir à l’est pour redescendre vers notre destination. C’est un peu déroutant de se voir s’éloigner de la route mais il faut faire confiance aux calculs et à la fin, nous sommes arrivés en vu de West End.
Les vagues étaient assez grosses au début de la traversée et elles ont diminué au fur et à mesure du voyage. Puisque la période était assez longue, ce fut une traversée assez agréable malgré les vagues. Kasuri est assez lourd et long pour demeurer confortable malgré les vagues et la houle. Malheureusement, nous n’avions pas beaucoup de vent. Nous avons donc dû faire la traversée au moteur. Au levé du jour, le vent ayant un peu augmenté, nous avons pu dérouler les voiles afin de gagner un peu de vitesse.
C’est moi qui ait commencé le premier quart de veille. Marc est retourné se coucher. Aux 20 minutes, je vérifiais les cibles sur le radar et je scrutais tout autour du bateau afin d’apercevoir des feux de navigation. Il y avait un peu de trafic. Plusieurs cargos empruntent le Gulf Stream afin de profiter du courant du nord. J’ai aussi vu un paquebot en direction des États-Unis qui revenait probablement des Bahamas. Il y avait aussi plusieurs plaisanciers qui profitaient de la même fenêtre météo que nous. J’ai même dû changer un peu notre cap afin de dépasser un petit catamaran qui ne progressait pas très vite. J’ai aussi ralenti afin de laisser passer un remorqueur qui tirait une barge à plus de 400 pieds derrière lui. Il faut faire attention pour ne pas passer entre les deux et se prendre dans le câble qui les relie.
Un peu avant le levé du jour, Marc est venu me rejoindre au cockpit. Je n’ai pas voulu aller me coucher car j’avais hâte de pouvoir voir le Gulf Stream. Nous avons donc découvert ensemble le bleu foncé de celui-ci. Je n’ai jamais vu la mer de cette couleur. On dirait un bleu de stylo à bille. C’est impressionnant. La température de l’eau est aussi montée à plus de 32 degrés Celsius. On aurait eu le goût de s’y baigner !
En début d’après-midi, nous sommes arrivés à West End en même temps que 2 autres bateaux. Aussitôt accosté, nous avons fait la connaissance de Vincent qui a acheté un voilier se trouvant aux Bahamas. Il attendait une fenêtre météo pour retourner aux États-Unis y faire quelques travaux. C’est plus facile de trouver des pièces et faire des travaux aux États-Unis qu’aux Bahamas. Puis, je me suis rendue aux douanes et à l’immigration qui se trouvent à la marina afin d’obtenir un permis de navigation et un visa pour 90 jours. Nous aurons du temps pour bien explorer les différentes iles et ilots et les eaux turquoises des Bahamas. Et ça c’est la fin de l’histoire, du moins, racontée de cette façon.
Papi Marc et mamie Julie qui t’aiment beaucoup.