Allô Aura, Sofia, Louis et Zoé. Bonjour la famille et les amis.
Lundi le 27 juin, Shelburne
Nous sommes à Shelburne depuis jeudi dernier. Nous attendions un colis qui a été livré aujourd’hui. Nous pourrons maintenant quitté pour les États-Unis aussitôt qu’une fenêtre météo sera favorable pour traverser le golf du Maine. Malheureusement, il n’y en a pas en vue pour l’instant. Nous analysons les différents modèles météos à tous les jours.
La navigation de jeudi dernier de Port-Mouton à Shelburne s’est bien passée mais nous avons eu moins de vent que prévu. Nous avons dû faire un peu de moteur au départ et à l’arrivée à Shelburne afin de pouvoir prendre un tangon avant la nuit. Nous avions planifié s’ancrer à l’ile McNutts qui se trouve à 6 miles de Shelburne mais en vérifiant la mise à jour de la prévision météo maritime, nous avons vu que l’on prévoyait 20 noeuds de vent du Sud alors que l’ancrage de l’ile n’est pas bien protégé par le Sud. Nous avons donc continué la navigation jusqu’à Shelburne où nous avons pris un tangon au yacht club.
Nous avons profité de notre séjour pour faire, comme toujours, des courses, des lavages, prendre des douches, utiliser le réseau Wifi. Nous sommes allés au marché dimanche après-midi. Le marché est petit mais très sympathique. On sent que la communauté s’implique. Marc en a aussi profité pour installer une main courante à l’extérieur du dodger. Ce sera plus sécuritaire pour marcher sur le pont en navigation. Nous n’avions pas vraiment d’endroit pour se ternir.
Nous avons eu du beau temps d’été les derniers jours. C’est agréable de sentir le soleil et la chaleur sur nos corps.
On commence à voir de grands yachts. À Port-Mouton, nous avons vu le yacht DNICE, long de 90 pieds. Il s’est ancré plus loins dans la baie. À notre arrivée à Shelburne, il y avait le yacht Olaf, long de 60 pieds. Et aujourd’hui est arrivé, Windquest, un catamaram de 86 pieds. Il est impressionnant. Je l’ai vu accosté au petit ponton du Yacht Club. On espère que celui-ci sera assez solide pour le retenir. Je crois que nous allons en voir de plus en plus lors de notre descente vers le Sud.
Cet après-midi, après mon cours de Ukulele, nous voulions nous déplacer pour retourner à l’ancre mais nous avons du vent du Sud jusqu’à 25 noeuds et de bonnes vagues. Nous avons préféré resté au tangon. Nous quitterons demain pour nous approcher un peu plus du golf du Maine pour être bien positionné lorsque la fenêtre météo se présentera.
Samedi le 2 juillet, Bar Harbor, Maine
Nous sommes enfin arrivé aux USA. La traversée de 33 heures s’est mieux passée qu’anticipée. Nous avons commencé par quitter Shelburne mardi matin pour nous rendre à la baie de Ingomar. Il est toujours compliqué de sortir de la baie de Shelburne à la voile. La vitesse et la direction du vent est très variable mais nous y sommes arrivés. Nous avons ancré à peu près au même endroit que l’année dernière.
Il n’y avait pas vraiment de fenêtre météo idéale. Peu de vent prévu pour jeudi puis du vent de 25 noeuds pour vendredi après-midi et pour la nuit. Nous avons quand même décidé de partir jeudi matin même s’il y avait peu de vent prévu. On ne voulait pas partir avec du vent de 25 noeuds et rien nous garantissait qu’il y aurait une meilleure fenêtre météo la semaine suivante.
Mercredi, on s’est donc préparé. J’ai cuisiné toute la journée afin d’avoir des repas prêts pendant la traversée. Marc a préparé Kasuri.
Jeudi matin, nous nous sommes levés à 2h30 afin de pouvoir partir à 3h. Nous sommes partis tôt principalement pour profiter d’un courant favorable au Sud de cap Sable. Le golf du Maine, se trouve juste avant la baie de Fundy où l’on retrouve les plus grandes marées au monde. Elles peuvent atteindre jusqu’à 16 mètres ce qui créent de forts courants. À notre départ, le ciel était dégagé mais sans lune. Il faisait très noir. À l’aide de la carte électronique et du GPS, du radar et d’une vigie, nous sommes sortis tranquillement de la baie pour nous rendre en mer. À ce moment, Marc est retourné se coucher et j’ai commencé le premier quart de veille. Il doit toujours y avoir quelqu’un qui surveille en navigation alors nous le faisons à tour de rôle. Après le cap Sable, malgré le peu de vent, nous avons hissé les voiles. Nous avions un courant d’environ 2 noeuds qui nous aidait, malgré cela nous n’avancions pas très vite, mais nous avions tout notre temps. Nous avons eu un appel à la radio VHF d’un bateau à moteur pour s’informer si tout allait bien. Je crois qu’il trouvait que nous n’avancions pas assez vite! Dans ce secteur, nous avons vu aussi plusieurs bateaux de pêche. Il faut les surveiller attentivement car ils ont un parcours plutôt erratique.
Au Sud de l’ile Seal, nous avons changé le cap vers le Nord Ouest. Peut-être que nous aurions dû poursuivre notre chemin plus à l’Ouest avant de monter vers le Nord. Le vent et le courant, environ 3 noeuds, nous ont poussés plus au Nord que nous l’aurions voulu. Nous avons donc mis beaucoup de temps avant de pouvoir revenir vers notre route idéale. Nous avions le vent en face, nous avons donc dû faire quelques virements de bord, de plus, le courant s’est renversé. Nous avons alors eu jusqu’à 2,5 noeuds nous ralentissant. Mais, comme nous avions encore beaucoup de temps devant nous, ce ne fut pas un problème. Au moins, la mer était calme. Au loin, nous avons vu plusieurs souffles de baleine. J’en ai même vu une qui a plongé, j’ai vu sa queue à environ 25 mètres du bateau. Marc venait tout juste de retourner à l’intérieur faire une sieste alors il l’a manqué.
À deux occasions, nous avons vu des ballons de fêtes qui flottaient sur l’eau. C’est vraiment désolant de voir de la pollution comme ça au milieu de l’océan. On ne devrait pas vendre de ballons gonflés à l’hélium. Premièrement, l’hélium est un gaz non renouvelable. Si on l’utilise pour gonfler des ballons, nous en manquerons pour les applications médicales, ce qui est beaucoup plus utiles. Aussi, beaucoup de ces ballons gonflés à l’hélium se perdent et se retrouvent en mer, ce qui menace la faune marine.
Nous avons vu aussi plusieurs cargos qui naviguaient vers ou de Saint-John, Nouveau-Brunswick. Ils sont toujours impressionnants même de loin.
La nuit s’est bien passée. Il était possible d’observer le ciel étoilé puisqu’il n’y avait pas de lune. On voyait très bien la voie lactée. C’est toujours impressionnant. Nous avons dû naviguer au près et le vent nous amenait un peu trop au Nord mais durant la nuit, il a viré et nous a ramené sur notre route. Nous avons bien fait de ne pas changer notre trajectoire au début de la nuit. Nous avons vu un autre bateau de pêche près du banc Grand Manan. En pleine nuit, il était facile à voir car il utilise de très gros projecteurs. On voyait donc leur lumière de très loin.
Au retour dans le cockpit après avoir dormi, j’ai été surprise de voir les lumières de la côte. Mais nous avions encore environ 30 miles à naviguer, et 30 miles à voile c’est facilement six heures. Le lever du soleil était magnifique.
A 12 miles des côtes, Marc a hissé les pavillons (sur un bateau, c’est ainsi que l’on appelle un drapeau). Celui des USA et de quarantaine (Q) à tribord du mat et celui du Canada à l’arrière du bateau, (nous étions le 1 juillet, fête du Canada, c’était tout approprié.) On doit garder le pavillon Q (jaune) jusqu’à ce que l’on soit accepté par la douane.
On a aussi commencé à devoir éviter les flotteurs des cages à homard. Il y a en beaucoup (très beaucoup!) dans les eaux du Maine. De plus, la pêche y est autorisée toute l’année, alors pas de répit pour les voileux. Heureusement, ils utilisent des cordages qui ne flottent pas, du coup, ils sont plus faciles à éviter que ceux de la Nouvelle-Écosse.
Alors que nous faisions notre entrée dans la baie de Bar Harbor, nous avons été surpris de constater que le relief, beaucoup plus montagneux, et la végétation, beaucoup plus dense, est différent de ce que l’on peut voir en Nouvelle-Écosse. Le temps était aussi plus chaud. En remontant la baie, nous avons été dépassé par le traversier de Yarmouth – Bar Harbor. Il a fait la traversée en 3 heures et demi, soit 10 fois plus vite que nous !
Nous nous sommes ancrés dans la baie Frenchman (en honneur à Champlain) en début d’après-midi. Nous avons fait notre déclaration d’arrivée pour les douanes à partir d’une application sur téléphone intelligent et moins d’une heure plus tard, nous étions autorisés à débarquer. Nous avons pu descendre et ranger le pavillon Q. Nous avons profité du reste de la journée pour prendre une douche, faire la sieste et bien nous reposer. Nous sommes allés à terre que le lendemain, mais ça c’est une autre histoire.
Papi Marc et mamie Julie qui t’aiment beaucoup.